L'Avis d'Evalya :
Il y a des romans qui ne se contentent pas de raconter une histoire ; ils nous enferment dans une pièce, éteignent la lumière, et nous laissent seuls avec les pensées d’un autre.
Chambre 69 d’Éric Bertrand, c’est exactement ça.
Une immersion brute, intime, parfois dérangeante, dans la tête d’un patient interné en clinique neuropsychiatrique.
Le narrateur, Sergio, est accusé d’un crime.
Mais ici, pas de procès, pas de flashbacks hollywoodiens.
Juste un carnet, gribouillé chaque nuit, où il balance ses obsessions, ses regrets, ses fantasmes, et surtout son amour inconditionnel pour Serge Gainsbourg.
Et ce carnet, c’est l’infirmière qui nous le transmet, comme une bouteille jetée à la mer.
Ce qui frappe, c’est la sincérité de l’écriture.
On est loin des récits lisses et calibrés.
Sergio écrit comme il pense : en vrac, en feu, en chute libre.
Et pourtant, on s’attache.
À ses contradictions, à sa lucidité bancale, à sa manière de chercher la beauté dans le chaos.
Et puis, surprise : la deuxième partie du livre est une pièce de théâtre. Le Kangourou Club. Même décor, mêmes personnages, mais une autre voix, une autre mise en scène.
Comme si l'auteur nous disait : “Tu crois avoir compris ? Regarde ça sous un autre angle.”
Et franchement, ça fonctionne.
On passe du journal intime à la scène, du murmure à l’écho.
Chambre 69 n’est pas un livre qu’on lit pour se détendre.
C’est un livre qu’on lit pour se perdre un peu.
Et parfois, ça fait du bien.