L’avis de Danilomzb :
Un grand merci aux éditions Grasset et à Netgalley pour ce service presse.
Dany Laferrière s'est lancé dans un récit retraçant les grandes injustices concernant les Noirs américains. Revenant sur les moments les plus significatifs d'un pays qui n'assume toujours pas son passé raciste, son présent aussi malheureusement. A ce sujet, il préfèrerait que l'on dise Américain noir plutôt que Noir américain. Cette précision de la couleur attachée à la nationalité n'a d'existence que pour les Noirs, on ne dit jamais Blanc américain, niant par la même une appartenance à ce pays.
Le livre se concentre essentiellement sur le passé, je me demande si l’intérêt n’aurait pas été de parler de la réalité d’aujourd’hui ? Il effleure à peine la situation actuelle, pourtant il y aurait sans doute des choses à dire.
Il y évoque des personnages emblématiques de la lutte contre le racisme. Cela donne envie de relire et d’écouter des artistes de renoms évoqués dans son livre. Il intercale des portraits avec des chapitres sous forme d'haïkus, souvent tristes, parfois drôles et surtout honnêtes, je pense en particulier à celui intitulé "La haine pure".
Il parle beaucoup des femmes noires, notant l'implication dans ce combat et surtout la place tellement importante qu'elles y ont. Lui qui fait souvent le parallèle entre combat des femmes et combat des Américains noirs, oublie cependant que ces femmes subissent une double peine : celle de leur genre et celle de leur couleur. Il place tout son espoir dans les femmes, serait-ce reconnaître que les hommes ont lâché l'affaire ?
En bref, son avis sur ce pays, qu'il semble bien connaître, est intéressant. J'ai apprécié ses mots et les personnages qu'il met en avant, je regrette cependant l'absence d'un état des lieux à ce jour. Il m'a manqué un approfondissement du sujet, cette lecture reste un peu frustrante pour moi.
PS : J'adore la couverture
Résumé :
Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »
Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »